Bilan de l'épreuve de français du DNB, session 2022 - Lettres - Académie de Normandie

Bilan de l’épreuve de français du DNB, session 2022

Retrouvez ci-dessous le bilan complet de la session 2022 du DNB, tant du point de vue organisationnel que pédagogique.

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Le bilan présenté ci-dessous prend appui sur la correction des travaux des élèves et les nombreux retours transmis.
Afin de faciliter la lecture de ce bilan, vous pourrez au besoin, télécharger la version pdf de cet article.


La session 2022 du DNB s’est déroulée de manière satisfaisante grâce à l’engagement de tous. Que chacune et chacun soit ici pleinement remercié(e) pour la qualité du travail mené, au terme d’une année scolaire 2022 -nous le savons bien- très dense, au service d’un examen fondateur dans le parcours des élèves, certifiant les connaissances et compétences acquises au terme du cycle 4 de leur scolarité.

 Bilan organisationnel

L’examen de juin inaugura une organisation inédite, harmonisée sur l’ensemble du territoire de l’académie, avec des centres de correction certes moins nombreux, mais accueillant davantage de correcteurs. Les nombreux retours transmis à l’inspection pédagogique régionale de Lettres soutiendront la préparation des épreuves de juin 2023. Celle-ci se montrera attentive aux conditions matérielles de correction, tout en tenant compte des contraintes des établissements, au service des professeurs et des coordonnateurs.

 Bilan pédagogique

Le sujet proposé au mois de juin, accessible ici, rencontra l’adhésion des élèves comme des professeurs. La fable retenue de Jean de La Fontaine, Le Lion et le Moucheron s’inscrit en effet pleinement dans le programme de 3ème et notamment dans l’entrée « Vivre en société, participer à la société : dénoncer les travers de la société ». Le genre de la fable figure en outre en bonne place dans l’horizon d’attente littéraire des élèves en cette dernière année de cycle 4. L’illustration retenue, une gravure d’Auguste Vimar, offrait en outre une clé supplémentaire de lecture, investie avec succès par les collégiens.
Le sujet de septembre fut lui-aussi mis en lien aisément avec les programmes. La satire d’un travers humain, telle que mise en scène dans l’extrait retenu du roman de Lesage, Gil Blas, a globalement été identifiée. Nous reviendrons en revanche sur les difficultés de compréhension.
Les questions soulevées en effet lors des travaux de correction comme les moyennes académiques de l’épreuve appellent plusieurs réflexions qui pourront nourrir les travaux engagés en classe.

 Les moyennes académiques

1- SESSION de JUIN 2022

Moyenne générale52,33/100
Dictée 4,32/10
Grammaire et compréhension 25,06/50
Rédaction 23,11/40
La moyenne de l’épreuve par département
DépartementNombre d’inscritsMoyenne
14 7714 53,08/100
27 7255 50,14/100
50 5031 52,09/100
61 2868 54,31/100
76 14455 52,06/100
Les moyennes des sous-épreuves
par département- Session de juin 2022
DépartementDictéeGrammaire et compréhensionRédaction
14-Calvados 4,58/10 25,40/50 23,10/40
27-Eure 4,19/10 23,62/50 22,35/40
50-Manche 4,17/10 25,39/50 23,34/40
61- Orne 4,16/10 26,14/50 24,01/40
76- Seine-Maritime 4,54/10 24,77/50 22,77/40

2- SESSION de SEPTEMBRE 2022

Moyennes de l’épreuve du DNB
Session de septembre 2022
1427506176Académie de Normandie
Total de l’épreuve 40,72/100 41,54/100 44,06/100 42,64/100 43,64/100 42,52/100
Grammaire et compréhension 15,72/50 17,86/50 19,72/50 18,36/50 21,01/50 18,54/50
Dictée 2,56/10 1,68/10 2,56/10 2,82/10 2,66/10 2,45/10
Rédaction 22,44/40 22/40 21,78/40 21,45/40 20,02/40 21,53/40

 Analyse des travaux des élèves

1- La fragilité des compétences linguistiques
La dictée est un exercice d’une grande complexité mobilisant de très nombreuses connaissances (mobilisation des connaissances lexicales et grammaticales) et compétences (compréhension, attention longue, capacité à réfléchir sur la syntaxe de la langue, mobilisation du geste grapho-moteur). L’effort nécessaire est très coûteux sur le plan cognitif et peut expliquer en partie la fragilité des résultats obtenus dans le cadre d’une épreuve en temps limité.
On sait aussi que l’exercice peut être désinvesti par une part importante d’élèves, convaincus – par avance- de leur échec. Pour autant, la grande fragilité des résultats doit nous alerter.
On mesure à cet égard l’importance de développer au long cours des habiletés orthographiques. Rituels, mots/phrase du jour ou de la semaine, construction de réseaux lexicaux et grammaticaux, manipulations au service de l’appropriation du code linguistique, travail de la langue en contexte dans le cadre d’écrits courts sont de plus en plus présents en classe et gagneront à devenir familiers des élèves, en complément de l’exercice de la dictée, dont les modalités méritent elles-aussi d’être diversifiées (dictée coopérative et collaborative entre pairs, mise en débat collectif…) et pensées surtout dans le cadre d’une progressivité des apprentissages.
L’ensemble de ces démarches soutiennent un travail régulier de l’orthographe, nécessaire, porteur de sens et fondateur d’une assise orthographique solide.

Les questions grammaticales furent elles aussi sources de discussion importantes. Le taux conséquent de non réponse à ces questions, que ce soit lors de la session de juin ou celle de septembre, doit surtout nous interroger collectivement.
Les élèves ont été en difficulté pour identifier les fonctions des compléments soulignés, puis pour justifier la fonction COD en ayant recours à des opérations de manipulation. De même, beaucoup ne sont pas parvenus à opérer une transformation d’un lien de juxtaposition en une subordination tout en préservant la logique de l’énoncé.
Ces exercices soulignent combien savoir questionner la langue afin de comprendre son fonctionnement syntaxique est une compétence à part entière, qu’il importe de travailler ; mais aussi combien les manipulations linguistiques jouent un rôle majeur dans l’acquisition d’une connaissance solide de la langue, nécessaire pour en développer sa maîtrise.


2- Le travail de la compréhension

Les élèves ont su manifester leur compréhension globale de la fable. Les travaux corrigés attestent pour leur très grande majorité d’une bonne capacité des collégiens pour révéler le sens du texte lu. La compétence est maîtrisée, solidement travaillée en classe.
La formulation volontairement ouverte des questions a néanmoins déstabilisé de nombreux élèves, en peine pour justifier leur compréhension ou encore pour l’enrichir d’un travail d’interprétation plus personnel.
Le sujet de septembre a davantage mis en lumière les difficultés des élèves dès lors qu’il s’agit de construire une compréhension fine du texte lu. Beaucoup n’ont pas compris l’évolution de la pensée du narrateur jeune puis plus âgé, correspondant au temps de narration de la scène.
On perçoit ici des pistes de travail à poursuivre pour engager les collégiens à s’approprier attentivement leur lecture et à la révéler, en dépassant le cadre normé et nécessairement limité d’un exercice de réponses à des questions. L’examen a une forme qui ne saurait résumer à elle seule l’ensemble des pratiques de classe.

3- Le travail de l’écriture longue

Le sujet d’imagination fut très largement choisi. sur l’ensemble de la session. En juin, manifestement les élèves ont pris plaisir à imaginer le récit du Moucheron allant partout expliquer sa victoire … Nombreux furent les partages de « morceaux choisis » bien pensés comme bien écrits. Il y a là aussi un autre signe du plaisir pris à la lecture de la fable. Il y a là encore un témoignage supplémentaire de l’aide que constitue la lecture pour écrire comme de l’intérêt, au service du sens et du goût des apprentissages, de nourrir l’écrit des lectures menées.
Le sujet ne fut cependant pas toujours bien cerné par les élèves, qui n’en ont perçu qu’en partie les objectifs. Si beaucoup ont compris l’enjeu de réécriture, une part importante des collégiens a eu du mal à retranscrire le changement de point de vue. De nombreuses rédactions ont ainsi donné lieu à un récit du Moucheron allant jusqu’à la retranscription par ce dernier de sa propre mort !
Le changement de point de vue se révéla complexe aussi dans sa mise en oeuvre par les élèves à la session de septembre.
On comprend bien que la difficulté est venue de la multiplicité des consignes à combiner entre elles pour produire le texte attendu : respect de la trame narrative, respect du changement de point de vue, appropriation des traits de caractère des personnages, créativité narrative, cohérence du texte produit, respect de la norme orthographique, maîtrise syntaxique, attention longue, maîtrise du geste graphique…
Ecrire est une tâche éminemment complexe. En ce sens, seule la fréquentation régulière d’activités d’écriture de longueur et de forme variées pourra familiariser les élèves avec l’écrit, leur permettre d’en comprendre les attendus et ainsi leur en donner le goût.

On peut enfin regretter que le sujet de réflexion n’ait pas davantage été retenu. A-t-il fait peur ? Les collégiens se sont-ils sentis démunis et incapables de mobiliser des connaissances littéraires et artistiques pour justifier du pouvoir des œuvres au service d’une réflexion sur leur comportement ? C’est bien évidemment possible.
Le sujet d’argumentation appelle à mobiliser la capacité à raisonner et à mettre l’écrit au service du déploiement de la pensée. Cela exige une familiarisation avec l’exercice, peut-être encore fragile.
On rappellera à cet égard, dans le cadre d’une appropriation progressive des genres de l’écrit, que l’argumentation attendue en fin de cycle 4 consiste avant tout en un développement cohérent d’une pensée, mis en lumière par des exemples de nature variée. Un cadre est certes nécessaire, mais sans formalisme excessif. Invitons ainsi d’abord les élèves à exercer leur esprit critique en de multiples situations et en des formes variées. Ils sauront ensuite progressivement mettre en forme leur pensée, qu’ils auront appris à développer.