Lire et réécrire un poème d’Andrée Chédid, « Destination : arbre », à travers la conception d’un bot littéraire - Lettres - Académie de Normandie

Lire et réécrire un poème d’Andrée Chédid, « Destination : arbre », à travers la conception d’un bot littéraire

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Lire et réécrire un poème d’Andrée Chédid, « Destination : arbre », à travers la conception d’un bot littéraire

Un projet d’Ophélie JOMAT, collège Les Acacias, Le Havre

 Objectifs :

L’objectif principal de ce projet est d’engager les élèves dans une démarche créatrice donnant forme et sens à leur lecture et leur interprétation d’un texte poétique. Les élèves défendront ainsi leur propre vision de la nature en résonance avec celle développée par le poème. Ils expliciteront leurs choix en révélant leur sensibilité littéraire et personnelle.

Un deuxième objectif, découlant du premier, est de faire travailler, grâce à l’outil numérique, des élèves de 6e à la réécriture d’un poème d’Andrée Chedid, intitulé « Destination : arbre », en leur faisant choisir une à deux strophes, et en explorant les ressources du codage : la publication de leurs productions est réalisée par un bot littéraire sur le réseau social Twitter.

Un troisième objectif est de mêler création poétique et travail sur la langue et de les confronter (en interrogeant les mots, leur nature et leur construction syntaxique), pour que le texte fasse sens.

Un quatrième objectif est de faire partager cette lecture par la création d’un compte Twitter spécifique à la classe, que les élèves s’approprieront notamment au travers de créations d’images de profil et de bannière, en utilisant un réseau social ouvert sur le monde.

Les compétences travaillées articulent principalement lecture et écriture :

  • Comprendre un texte littéraire, des images, les interpréter et se les approprier.
  • Maîtriser les bases de l’écriture au clavier.
  • Réécrire à partir de nouvelles consignes, faire évoluer son texte.
  • Prendre en compte les normes de l’écrit pour formuler, transcrire et réviser.
  • Identifier les constituants d’une phrase simple et acquérir l’orthographe grammaticale.

 Contexte :

La classe de 6e choisie comporte 27 élèves, elle est très hétérogène et se situe dans un collège havrais.

Le projet est mis en place début décembre 2022, à la fin d’une première séquence sur « La poésie célébrant la nature », durant laquelle les élèves ont étudié une dizaine de poèmes, tout en engageant une réflexion sur les mots, leurs natures et leur formation.

Le corpus comporte des explications de textes (« À Aurore » George Sand, « En Forêt » Germain Nouveau », « Le Secret » René de Obaldia, « Mes vers fuiraient » Victor Hugo, « La Forêt » Eugène Guillevic) et d’autres plus succinctes (« Un Coucher de soleil », Leconte de Lisle, « Il pleut », Raymond Queneau, « La Bise fait le bruit » Victor Hugo, « Le Vent » Émile Verhaeren, « Conjugaison de l’oiseau », Luc Bérimont).

Le travail est mené sur des tablettes iPad, qui viennent d’être distribuées aux élèves de 6e par le Département de la Seine-Maritime.

 Étapes du travail :

  1. La professeure donne une définition du bot en diffusant un exemple en classe : @LaFontaineBot
    Il s’agit là de préparer les élèves à l’environnement singulier à partir duquel et au sein duquel ils vont révéler leur lecture du poème.
  2. Chaque élève découvre sur sa tablette le poème d’Andrée Chedid au travers du visionnage d’un film d’animation diffusé sur Lumni. Il s’agit d’un film d’animation dans lequel Mathieu Chedid lit le poème de sa grand-mère sur une musique qu’il a créée. Les élèves échangent ensuite leurs impressions et hypothèses de lecture (autour notamment des notions de filiation, de lien, de sentiment d’appartenance à la nature), après lecture de la vidéo, à l’oral.
  3. Le poème est distribué aux élèves : Le tissage du sens du texte se réalise progressivement à l’oral. Le travail d’interprétation se nourrit d’un repérage de la structure grammaticale du texte (verbes à l’infinitif – groupes nominaux).
  4. Puis vient le lancement du travail de création, grâce à un travail de manipulation de la langue. Un lien nominatif vers un digidoc est envoyé à chaque élève, qui choisit la ou les strophes sur lesquelles il souhaite travailler et qui effectue ses propres changements, par remplacement ou par déplacement dans le poème.
  5. Chaque élève vidéo-projette sa production : il explicite sa proposition de variation, commente ses choix, la classe corrige collégialement ses erreurs d’accord et valide ou non les changements.
  6. Les élèves entrent ensuite leurs propositions de variations dans un tableur en ligne collaboratif, sur leur tablette. Ce sont alors autant de propositions nouvelles, qui démultiplient la lecture possible du texte poétique.
  7. La professeure fait le codage du bot.
  8. La classe crée le compte Twitter sur lequel est diffusé le bot auquel chaque élève aura pleinement participé : rédaction du profil, concours d’illustrations pour le choix de l’image de profil et l’illustration de la bannière. Les créations des élèves sont proposées à la lecture quotidiennement, renouvelant ainsi la lecture première du poème d’Andrée Chedid.
    Voir le compte : @AndreeChedidBot https://twitter.com/AndreeChedidBot

Voici quelques exemples de poèmes twittés par le bot en décembre 2022 :

 Plus-value du projet :

La création d’un bot poétique, en partant d’une vidéo et en employant l’outil numérique, présente divers intérêts : elle permet de renouveler la lecture d’une même structure en piochant aléatoirement dans un ensemble de variables choisies par les élèves. Ces derniers, à partir de leur lecture préliminaire de la vidéo et du poème, parviennent à créer un univers poétique singulier se basant sur une écriture de la variation, certes aléatoire, mais explicitée et réfléchie en amont, par un travail sur le sens et sur la langue. Leur travail de création poétique soutient dès lors leur propre interprétation du texte et leur propre sensibilité au monde qui les entoure.

L’image constitue également un fil rouge de ce projet : lancement du travail pour initier la rencontre avec le texte au travers d’une image animée (enrichie par la création musicale), puis création et sélection d’images révélant l’appropriation du poème par les élèves, interprétation du poème par les élèves sous forme de carte heuristique en forme d’arbre, et enfin création de nouvelles images mentales, issues de la programmation.