L'écriture à distance - Lettres - Académie de Normandie

L’écriture à distance

L’écriture est une tâche complexe, et chacun le mesure. La maîtrise simultanée de connaissances et de compétences associées à l’acte d’écrire rend en effet cette activité tout à la fois très exigeante et potentiellement difficile, en particulier pour les élèves les plus fragiles. Tout travail d’écriture exige ainsi de l’élève de se mettre en position de résoudre plusieurs problèmes, qui possèdent tous un degré de complexité :
 quelles connaissances mobiliser ? (des connaissances linguistiques bien évidemment, mais aussi des connaissances culturelles et d’autres encore qui relèvent d’expériences personnelles)
 pour qui écrire ?
 qu’écrire précisément ? quel texte produire ? En fonction de quelles “normes”, tout autant génériques, textuels et littéraires ?

Ecrire suppose ainsi tout à la fois d’être en mesure de planifier son travail, d’en formuler les attendus, de produire un texte, de le réviser et d’ajuster chacune de ces actions en fonction de l’avancée de l’écrit.
On comprend aisément, dans cette perspective, la complexité de l’activité d’écriture et plus encore à distance, lorsque l’élève ne peut plus bénéficier de l’aide directe de ses pairs et de son professeur.

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 Comment continuer alors à soutenir l’activité d’écriture à distance ?


Quelques principes pourront contribuer à soutenir l’activité d’écriture à distance :

  • La régularité et la familiarité

Fondatrice du lien entre les élèves et du lien entre les élèves et leurs professeurs, l’activité d’écriture revêt une importance plus grande encore à distance. C’est à travers elle ainsi que s’inscrit l’engagement de chacun, c’est elle également qui soutiendra la persévérance dans l’engagement. Les invitations à écrire méritent à cet égard d’être facilitées et multipliées : formulations de questionnements, demandes d’explicitations bien sûr, mais aussi - et c’est tout aussi essentiel - partages de lectures, partages d’idées et de réflexions… les supports existants sont nombreux pour promouvoir ces temps d’écriture réguliers et spontanés : la messagerie de l’ENT, les murs et forums collaboratifs, ou tout simplement le partage de photographies de carnets de lecture, de vocabulaire ou de brouillon...
C’est à travers l’ensemble de ces activités familières que les apprentissages pourront aussi être confortés.

  • L’explicitation

Celle-ci est bien évidemment essentielle pour répondre aux besoins des élèves les plus fragiles, mais à distance, elle s’impose finalement pour tous. La rédaction des consignes de travail joue à cet égard un rôle fondamental, pour les enseignants comme pour les élèves.

L’enseignant doit se montrer :
 clair dans ses formulations, les procédures et les stratégies  : répondre au "comment ? " est essentiel : quel support de travail ? quel espace de dépôt ? quels documents ressource ? où trouver ces derniers ?...
 clair dans ses attentes et dans les objectifs que l’on veillera à ne pas multiplier au risque de perdre l’attention comme l’engagement des élèves,
 précis dans les apprentissages visés : c’est la réponse au "pourquoi ?"
 explicite dans les étapes nécessaires afin de permettre aux élèves de parvenir au bout de l’activité demandée. On évitera à distance la mise en ligne d’une activité avec un délai long de rendu, sans aucun soutien intermédiaire.

L’élève doit comprendre ce que l’enseignant attend de lui, faire le lien avec ce qu’il sait déjà, et savoir quel outil utiliser pour faire ce qu’on attend de lui, comprendre enfin le temps qui lui sera nécessaire pour réaliser l’activité demandée.

Un exemple de démarche explicite à distanceen classe de 3ème, afin d’accompagner les élèves dans leur lecture de la pièce de Jean Anouilh, Antigone.

  Quelles démarches ?


La question du sens des activités est sans doute plus importante encore à distance. Pouvant se retrouver seul face aux travaux demandés, les élèves peuvent éprouver de plus grandes difficultés encore à s’engager et à se concentrer.
Des travaux convoquant la créativité des élèves et ménageant un espace de liberté et d’expression personnelle pourront, dans cette perspective, soutenir l’attention, l’implication comme les apprentissages.
De même, engager les élèves à écrire pour un groupe réel, à produire un écrit pour être diffusé sont autant de démarches qui soutiendront tout à la fois la motivation des élèves et la construction des apprentissages.
Voici quelques propositions de démarches, non exhaustives :

Au cycle 3 Des écrits d’invention : descriptions courtes, dialogues brefs, écrits d’imitation, écrits à contraintes...
Des écrits de travail : au service de la construction et de l’appropriation des connaissances reformulation de notions (sous la forme d’un texte, d’un schéma, d’une carte mentale... ; résumé de lecture ; “réponse courte” sur l’ENT (“remise en ligne” / onglet “texte”)
Au cycle 4 Des écrits d’invention suite de texte, changement de point de vue… ; écrits à partir d’une nouvelle, écrits à partir d’un tableau, d’une image, une écriture créative, un journal de lecteur collaboratif, la rédaction d’une "une " de journal sur l’actualité du moment... Des écrits de travail : écriture bilan : une notion, une séquence ;écriture d’un sommaire ; écrit de justification : choix de lecture, choix de personnage...
Au lycée Des écrits d’invention écrire pour lancer le débat, notamment autour de l’oeuvre de Victor Hugo, avec de nombreux exercices d’écriture possibles, travailler l’écriture théâtrale, à l’exemple du travail mené sur l’oeuvre de Ruy Blas
Des écrits de travail Construire une argumentation à partir de citations d’auteurs ou d’une oeuvre. Par exemple : V.Hugo contre la peine de mort ; construire une synthèse sur un objet d’étude à partir d’extraits de textes, opérer une réduction d’un texte argumentatif afin d’apprendre à le résumer...

 Quel accompagnement ?


Comme évoqué plus haut, soutenir le travail des élèves est nécessaire. Créer des étapes peut cet égard être très efficace. Imaginer des strates de travail est recommandé, des strates qu’il est pertinent d’étayer dès le commencement. Il y a certainement là une spécificité de l’enseignement à distance, sollicitant des aides et des amorces dès le début de l’activité.

Mais comment donner du sens au travail d’écriture ? Comment donner du sens aux corrections pour les élèves ? Comment accompagner les élèves tout en soutenant l’apprentissage de l’autonomie ?

La démarche présentée en annexe se propose, sans toutefois être modélisante, de répondre à ces questions.

 Quels outils pour travailler à distance l’écriture ?


 Le traitement de texte :
Il permet de reprendre les différentes étapes de l’accompagnement (voir plus haut), l’insertion de commentaires permet en particulier de guider les élèves pour qu’ils puissent retravailler des points précis.
On peut utiliser aussi le suivi des modifications : un descriptif détaillé de cette démarche sur le site de l’académie de Poitiers.

 La classe virtuelle peut être le lieu d’une heure de cours à distance mais elle peut aussi rendre compte d’un travail et amorcer un travail d’écriture.
Les échanges en classe virtuelle se font aussi bien à l’oral qu’à l’écrit par la prise de parole ou le chat intégré dont les messages sont adressés à l’ensemble du groupe ou au modérateur seulement. Il est possible d’y partager tout type de supports (images, pdf, vidéo…), répondre à des quiz, travailler en individuel ou en groupe, mutualiser et échanger.
Il est bien entendu plus facile de passer par une classe virtuelle pour lancer une activité d’écriture : le partage d’écran permet d’expliquer le sujet, de montrer un exemple, d’expliciter davantage que par un document écrit seul, qui peut être un frein pour certains élèves pour lesquels le passage à la lecture/écriture est un véritable problème.
Il est intéressant d’y revenir pour faire un point intermédiaire, une correction personnalisée ou par groupe, ciblé ou pas. Elle peut permettre aussi de faire une première correction pour toute la classe : scan d’extraits à partager, que les élèves commentent lors des échanges.

 Le tableau blanc : utilisation de Framemo
Voici un exemple de démarche menée en classe de 3ème pour préparer un sujet d’argumentation avant et pendant le confinement :


étape n°1 en classe : étude du sujet, deux axes dégagés, + lecture d’un article sur les excès de la chirurgie esthétique et une vidéo sur les bienfaits du sport.
A partir de là, les élèves ont invités à rédiger des arguments...

étape n°2 à distance  : (pendant le confinement) les élèves échangent leurs idées avec ce tableau interactif.
Lien : https://framemo.org/Devoir%20de%20r%C3%A9flexion

étape n°3 à distance : à partir du tableau, les élèves reformulent les arguments, pointent les arguments faibles ou forts ou hors sujet... Ils identifient aussi les exemples, puis ils rédigent...


 La correction orale pour améliorer son écrit
Vocaroo (une console d’enregistrement audio très simple d’utilisation. Pour l’utiliser, il suffit de disposer d’un micro et d’un PC avec connexion).
Ce site permet d’enregistrer son commentaire, il génère ensuite un lien que l’on peut déposer sur un document.

 Comment évaluer à distance les écrits des élèves ?

Évaluer le travail ou les activités demandées est nécessaire, afin de maintenir l’engagement des élèves, tout en valorisant leurs efforts comme leur implication. Pour autant, cela ne signifie qu’il faille systématiquement corriger chaque travail rendu, ni même ne réaliser que des corrections individuelles.
A distance, il faut accepter de ne pouvoir tout corriger ni tout évaluer.

Plusieurs démarches peuvent être explorées, qui toutes viseront à souligner les réussites des élèves, le chemin parcouru et les compétences travaillées et acquises :
 la prise d’indices (Après un relevé de travaux d’élèves et une lecture rapide de l’ensemble de ces travaux, repérage des points forts et des points faibles en vue d’un retour collectif.)
 un retour oral ou écrit des travaux
 un retour collectif sur les travaux rendus
 un retour individuel : un retour non exhaustif, en fonction d’un ou deux critères
 une évaluation entre pairs, en classe virtuelle ou à travers une activité liée à une redistribution des travaux
 une auto-évaluation